Fantasy
« Seul le fantastique a des chances d’être vrai. »
Pierre Teilhard de Chardin
Prélude...
Ronde était son corps planétaire ; un corps de terre qui recelait la Vie. Pareille à une bille émeraude, elle voyageait dans l’immensité obscure constellée d’étoiles, au coeur de sa galaxie. Trois lunes la courtisaient aux couleurs jade, neige et ocre, dans un ballet incessant, sans cesse renouvelé. À sa surface, un océan lapis-lazuli la couvrait, pareil à un manteau d’ondes et de couleurs. Le soleil s’y mirait, admirateur secret de ce trésor perdu où chatoyaient ses reflets. Dans cet écrin, nichée en recluse : une île. Une île aux allures de navire, rescapé aux flots de son monde ; un refuge aux contrastes saisissants, manifestations de ses richesses enfouies. Au paysage neigeux et froid du royaume d’Inndyr, battu par la bise mordante qui balayait sa plaine, au pied du Haut Glacier d’Emiruil, gardien millénaire du pays, s’opposaient la chaleur étouffante du territoire d’Assar, son désert de sable et les volcans brûlants des Contreforts d’Haïdon, faits de lave et de roche en fusion. Les collines d’Ostwald et les steppes septentrionales du royaume du Ryongrim, abritées derrière un mur menaçant, jouaient, elles, l’écho des massifs montagneux du royaume du Valdeon, ses vallées encaissées et ses beautés sauvages. Au Sud de ce dernier, enfin, trônait le plus mystérieux des joyaux : une jungle à la forme d’un œil ; une prunelle rosée qui sondait le ciel sans retenir ses larmes, comme témoin d’un passé de douleurs et de deuils. À moins qu’il ne se fût agi de son avenir… ?
Car oui, dans ce décor lointain, des forces étaient à l’œuvre ; des forces qui transcendaient l’imagination des dieux. Les Mages d’Oran, conseillers des pouvoirs, usaient de leur influence. Les Héritiers, objets de culte par la Confrérie religieuse, se tenaient à l’écart. Jusqu’à quand ?
Trois Grands Âges s’étaient déjà succédé : le premier, nommé Préhistoire, avait commencé à la création de la planète pour se terminer à l’apparition de l’Homme ; le second, débuta avec ce dernier et prit fin avec les balbutiements de l’écriture en des dialectes vernaculaires aujourd’hui éteints ; le troisième s’était ensuivi pour se clore à l’occurrence du Grand Cataclysme, drame géologique majeur qui faillit exterminer toute forme de Vie sur l’île.
Excella traversait désormais le XIVème siècle de son Quatrième âge ; un âge que les érudits avaient pour coutume d’appeler « Âge de la Connaissance ». Cette Connaissance… quelle serait-elle ?
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Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit.
(Khalil Gibran, poète et peintre libanais, 1883-1931)